Le lien avec le souverain pontife a toujours été décisif dans l’histoire de notre mouvement. Le père Caffarel notait déjà : « Je ne vous cache pas que [la question de la morale conjugale] ça a été pour moi une question très brûlante au cours de cinquante ans. J’ai été affronté à ce sujet à peu près exactement cinquante ans. Je n’ai jamais douté du bien-fondé d’un enseignement solennel des papes et en ce domaine, on ne peut le contester, il y a un accord unanime de Pie XI, Pie XII, Paul VI, Jean-Paul II. Ils n’ont pas varié en dépit de tous les groupes de pression, de toutes les menaces même des mass média. » (Trois conférences sur la sexualité – Conférence 3 « La morale conjugale bienfait de Dieu »)
Le père Caffarel était beaucoup moins motivé par des raisons diplomatiques d’asseoir le mouvement dans le champ ecclésial de l’époque que la conviction que le successeur de Pierre garantissait aux Équipes une qualité de discernement théologique de son propre charisme. Aussi n’a-t-il eu de cesse d’établir un lien personnel avec eux autant qu’il le pouvait.
C’est avec Paul VI, dont il reçut le calice personnel, que le lien fut le plus fort. Le pèlerinage de 1970, en plein dans le remous d’Humanae vitae, a été particulièrement important pour le mouvement. L’accueil offert aux Équipes et le discours de Paul VI reste une pierre milliaire dans la vie du mouvement et même sur le développement du magistère de l’Eglise sur la spiritualité du couple. Dans une conférence qui en fait une relecture serrée, Henri Caffarel indique “quand quelques foyers des débuts des Équipes et moi-même, nous écoutions le Pape, nous étions très émus de voir que ce que l’on avait cherché, cette route qu’on avait débroussaillée non sans efforts, non sans erreurs peut-être, que cette route-là, le Pape l’élargissait. …le Pape ouvrait beaucoup plus largement la voie car ce qu’il nous a dit va beaucoup plus loin que ce que nous avions cherché jusqu’à présent… je me devais de vous le dire parce que cela a été très bon pour moi de constater que nous étions écoutés, que vos appels avaient été écoutés et que le Pape répondait.”
En 1976, le Pape Paul VI reçoit à nouveau les Equipes en pèlerinage. C’est l’occasion de les encourager à rester fidèle à leur charisme : “Votre mouvement a contribué au maintien et à l’approfondissement de l’idéal de la famille chrétienne. Demeurez ce que vous avez voulu être depuis le premier jour, en maintenant votre vocation de véritable école de spiritualité pour les foyers, profondément fidèles, en tous domaines, doctrinal, liturgique et moral, au Magistère de l’Eglise (Phil. 2, 13).”
De nombreuses confirmations des papes successifs ont continué ce lien :
L’accueil de Jean Paul II en 1979 à l’équipe internationale : “Je souhaite que vous fassiez bénéficier de vos convictions et de votre expérience la pastorale familiale de l’Eglise”. Il constatait le bienfait de la spiritualité des Équipes en 1982 : “[pour les couples] plus encore que les normes, il faut exposer la beauté, l’aspect salutaire à tous points de vue, de l’idéal chrétien: n’est-il pas capable d’entraîner des époux bien formés à une délicatesse de sentiments et à un rayonnement enviables, comme je le constatais récemment avec les Equipes Notre-Dame ?”
Le pape François, quant à lui, a reçu à deux reprises les Équipes internationales : en 2015 il insiste sur le rôle missionnaire des couples engagés dans les Équipes Notre-Dame : à témoigner et à transmettre la joie et la fécondité de la vie conjugale chrétienne, à s’engager concrètement dans la mission, auprès des jeunes couples et des familles blessées ou en difficulté, et à être des instruments de miséricorde envers ceux dont le mariage a échoué.
En 2024, il reprend cette même idée. Il ajoute l’encouragement à accompagner spécialement les couples nouvellement mariés, à leur faire découvrir la beauté du sacrement de mariage et à les aider à développer une spiritualité conjugale. Il souligne la complémentarité entre les vocations des laïcs mariés et des prêtres, et invite à porter cet esprit dans les paroisses pour dépasser le cléricalisme. Il rappelle que les couples mariés ont aussi une mission dans l’Église.
