Conférence sur la Conjugalité – Maria Asuncion de la Fuente et Xosé
Nous voulons commencer par remercier Edgardo et Clarita, ainsi que Mercedes et Alberto, de nous avoir invités à être des vôtres aujourd’hui, dans ce cadre fraternel et de rencontre.
Ils nous ont invités à vous parler du sens profond du don mutuel dans le mariage. Et nous voulons réfléchir avec vous non pas pour en savoir davantage sur le don mutuel mais plutôt pour aider chacun de vous, dans son couple, à savoir et à vouloir se donner davantage et mieux.
Mais, avant de commencer, permettez-nous d’utiliser une métaphore musicale. On pourrait dire que chacun de nous est comme une mélodie. Imaginons que ce soit celle-ci (on interprète une mélodie).
Imaginons qu’il s’agisse d’une mélodie masculine. Maintenant, interprétons une mélodie féminine.
Imaginons que ce soit celle-ci (on interprète une mélodie). Eh bien, la plénitude de chacune de ces mélodies ne provient pas du fait que chacune résonne de manière isolée : elle nait de leur rencontre, du fait que chacune répond à l’autre et donne tout ce qu’elle est à l’autre. Et donc, elles résonneront ainsi (on interprète un morceau de musique). Et le fruit de cette rencontre, c’est qu’elles peuvent à leur tour donner naissance à de nouveaux rythmes, à de nouvelles séquences harmoniques : c’est-à-dire être fécondes, par exemple de cette manière (on interprète un morceau de musique!.
Ainsi en va-t-il de la rencontre amoureuse de l’homme et de la femme, qui naît du don mutuel. Il en surgit un élan porteur de fécondité et de don … C’est ce dont nous a llons parler maintenant.
l. Le don mutuel naît d’une rencontre profonde
Chacun de nous se nourrit de la rencontre avec les personnes les plus importantes de notre vie. Chacun de nous est-de personnes qui nous ont aimé et est-pour les personnes que nous aimons. De fait, chacun de nous est de Dieu – qui est notre Alpha et notre Oméga – et est pour Lui. Nous sommes aimés, créés, appelés et envoyés par Lui. Et nous sommes pour Lui puisque le but de notre vie est la pleine rencontre avec Lui.
Ce dynamisme qui consiste à être-de et à être-pour, nous le rencontrons au cours de notre vie avec les autres personnes. Je vous demande de vous souvenir, avec affection, de ceux qui vous ont aimés et grâce auxquels vous êtes ceux que vous êtes : vos grands-parents, vos parents, vos frères et soeurs, vos éducateurs, les personnes qui ont compté dans vos communautés, dans les Equipes. Nous pouvons dire que nous sommes ce que nous sommes grâce à ce que nous avons reçu d ‘eux. Pensez maintenant aux personnes que vous êtes appelés à aimer : votre famille, vos amis, les membres de votre équipe, vos voisins … Nous pouvons dire que nous sommes pour elles.
Tout au long de notre vie, nous rencontrons des personnes soit qui tissent notre propre vie, soit que nous aidons et incitons à construire la leur. En quoi consiste, au sens strict, une rencontre ? Une rencontre est la mise en présence de deux personnes qui s’accueillent et se donnent mutuellement. Dans la rencontre, chacune veuf que l’autre parvienne à devenir ce qu’elle est appelée à être. Chacun des deux soutient, rend possible et favorise la croissance de l’autre en tant que personne. Et ce, réciproquement.
Mais il ne suffit pas que deux personnes soient ensemble pour qu’il y ait rencontre authentique. En général, il n’y a pas de rencontre profonde entre le caissier ou la caissière d’un supermarché et le client, ou entre deux personnes assises l’une à côté de l’autre dans le métro, ou qui vont ensemble voir un match. Il peut même arriver qu’un homme et une femme en couple soient ensemble pour s’amuser, se promener ou pour jouer ensemble, qu’ils s’envoient des WhatsApp, sans qu’il y ait de rencontre profonde entre eux. De fait, à notre époque marquée par l’individualisme et l’isolement, les rencontres authentiques ne sont pas si habituelles que ça.
La rencontre profonde, c’est celle où se produit, de manière consciente, l’accueil et le don mutuel, donnant ainsi naissance à un « nous ».
Dans la rencontre authentique, celui ou celle q ue je rencontre se présente à moi comme quelqu’un qui m’interpelle, comme quelqu’un qui me touche par sa présence, comme un évènement. La rencontre « me touche en profondeur ». L’autre, en se rendant présent, est une épiphanie : il se manifeste comme un visage concret qui m’interpelle. Ton époux, ton épouse est-il quelqu’un qui interpelle ta vie, qui te touche, qui ne te laisse pas indifférent ? C’est ce qui se passe dans le mariage : l’autre est pour moi interpellation, appel continuel. Ton conjoint t’invite à te laisser détrôner, à lui abandonner le poste central de ta vie, à t’occuper de lui de sorte que ta vie devienne réponse à sa personne.
Pour nous qui sommes mariés et qui vivons cette rencontre profonde, notre vocation consiste à répondre à cet appel que l’autre est pour moi. Dis maintenant à ton époux, à ton épouse : tu es un appel pour moi !
Vivre consiste alors à vivre en étant attentif à l’autre, à se décentrer de sa propre vie pour l’autre. Si la rencontre avec ton conjoint est une rencontre authentique, tu perdras ta souveraineté, tu ne pourras plus consacrer uniquement ta vie à te faire plaisir ou à être le centre de tes préoccupations. Au contraire, tu ressens avec bonheur que tu ne te trouves toi -même que lorsque tu fais de ton conjoint ta priorité, lorsque tu as la responsabilité de le rendre heureux, de le servir.
2. Une rencontre comme celle d’Emmaüs
Comment la rencontre est-elle possible ? Pour q ue la rencontre entre deux personnes soit possible, il est nécessaire d’adopter les attitudes suivantes :
a. Que chacun soit capable de sortir de soi, de ses préjugés sur l’autre et sur le sujet. Bannir toute attitude égocentrique qui empêche d’être attentif à l’autre. Mais, si l’on sort de soi, c’est pour aller à la rencontre de l’autre, pour cheminer avec lui.
b. Celui qui va à la rencontre, doit adopter le point de vue de l’autre. Cela permet aux deux protagonistes d’entrer en dialogue et de communiquer, en accueillant chacun les richesses de l’autre.
c. Ceux qui se rencontrent sont appelés à se mettre à l’écoute de l’autre, sans s’enfermer chacun dans ses idées ou dans des schémas préétablis. Il s’agit d’écouter activement, sans juger, sans condamner, en excusant fout, en comprenant fout. Il s’agit de s’ouvrir à l’autre tel qu’il est, en le respectant, en ne prétendant pas qu’il soit comme moi je veux qu’il soit. Ecouter l’autre, c’est se
consacrer à lui.
d. Chacun des protagonistes de la rencontre doit pouvoir être interpellé par l’autre. La rencontre ne peut exister que dans la mesure où chacun reconnaît l’autre et est disposé à se laisser interpeller par lui. « Vivre ensemble signifie se laisser interpeller ».
e. Il s’agit aussi que chaque personne réponde à l’autre. Si l’autre m’advient et m’interpelle, je n’ai pas d ‘autre choix que de lui répondre. L’autre me décentre et m’incite à donner réponse à sa présence.
Mais cette réponse ne peut pas venir d’habitudes ou de recettes. L’autre n’est pas un cas pour lequel il s’agirait d’exécuter un protocole provenant de l’expérience. Face à l’autre qui m’interpelle, il me faut répondre par mon action, ma parole et, en définitive, par ma vie. Le résultat de cette rencontre est réciprocité dans le don et acceptation de l’autre.
Comment vivez-vous, de manière habituelle, cet exercice qui consiste à laisser de côté ses propres préoccupations, schémas, point de vue pour accueillir ceux du conjoint ? Combien de moments de qualité consacrez-vous à l’écouter, tant lorsqu’il s’exprime de manière verbale que lorsqu’il s’exprime de manière non verbale ? Essayez-vous de le comprendre? Vous laissez-vous interpeller par lui ? Mettez-vous votre vie à son service en réponse à sa vie ?
3. La réciprocité du don et de l’accueil.
La réciprocité est essentielle à la rencontre. « N’essayez pas d ‘affaiblir le sens de la relation : la relation est réciprocité » nous dit Martin Buber. Ce qui implique que la vie des personnes soit une vie vers et pour les autres. Corrélativement, je ne peux exister que par les autres : le moi reçoit son existence du foi et le foi reçoit son existence du moi. Ce qui implique deux mouvements de base dans cette relation : accueil inconditionnel de l’autre et don à l’autre. De telle sorte que nous nous accomplissons davantage dans la mesure où nous sommes davantage pour -l’autre.
Cette réciprocité exige que l’autre soit traité comme une personne (en respectant sa dignité) et plus, comme ceffe personne unique, et jamais comme un objet ou comme un instrument pour mener à bien mes propres fins, ou comme un personnage devant jouer un rôle déterminé. Aussi y -a-t-il certaines attitudes qui rendent impossible la réciprocité dans la rencontre et le don :
En premier lieu, /’indisponibilité. Cela consiste à n’être disponible que pour ce qui regarde ses propres intérêts et jamais à la vie des autres. C’est renoncer à tout horizon de responsabilité qui dépasserait les frontières propres de l’individu. Le paradigme de cette posture, c’est la question de Caïn, interrogé au sujet de son frère Abel : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? ».
En deuxième lieu, /indifférence. C’est une situation où l’autre ne m’intéresse pas. Sa vie n’est pas quelque chose qui me concerne, mais qui le concerne lui, et qui ne m’affecte pas. L’autre n’est pas quelqu’un dont moi je doive répondre de quelque manière. Cette indifférence peut se traduire par le silence : ne pas nommer, et donc ne pas considérer l’autre comme une personne. Cette indifférence, cette insensibilité envers l’autre contribue à détruire l’autre, et b ien entendu, à détruire la relation personnelle elle-même. L’indifférence à l’autre constitue une douloureuse tragédie pour la vie en commun : elle la fait passer de la convivialité à une simple coexistence. Considérer l’autre comme un objet peut aussi consister en l’accuser. C’est ne considérer l’autre que pour l’accuser, s’établir comme son juge, l’étiqueter, le disqualifier. En plus d’être une forme de violence, cela revient donc à en faire un objet, ce qui constitue un obstacle à toute rencontre et à tout dialogue.
Cela provient de la prétention à soumettre l’autre à mes propres critères sur la manière dont il doit se comporter. Mais de fait, ce n’est rien moins que le transformer en objet, tenter de l’aliéner. Accuser conduit à faire des relations personnelles un enfer dominé par Satan (Satan, en Hébreu, veut dire adversaire, accusateur).
Finalement, les formes les plus radicales de cette transformation de l’autre en objet, reviennent à leréduire à ce qu’on peut en inventorier (à un ensemble de qualités ou de rôles). C’est lorsque nous considérons l’autre de façon réductrice, comme une simple fonction, comme une chose à notre service,
comme un instrument pour mon usage personnel ou pour mon plaisir.
Face à ces attitudes qui rendent impossible la réciprocité dans la rencontre, examinons, dans le contexte de l’union conjugale, les formes qu’adoptent ces deux mouvements, toujours liés, toujours unis, que sont l’accueil et le don. Il n’y a pas de don sans accueil préalable, ni d ‘accueil sans don.
4. La personne comme acceptation accueillante de l’autre
M ‘ouvrir à mon conjoint dans le contexte vital de notre rencontre, signifie, en premier lieu, l’accepter tel qu’il est. Et cela suppose donc, tout d’abord, que je l’accepte comme personne (et que je renonce donc à en faire un instrument, une chose, un associé ou à le cantonner dans un rôle.
En second lieu, que je l’accepte comme cette personne-ci; autrement dit non de manière impersonnelle, comme une personne quelconque, mais comme personne unique, avec ce visage concret, qui est présente dans ma vie, qui m’advient. Cela suppose donc que je ne m’obstine pas à ce qu’elle soit comme moi je le veux, comme moi je le désire, mais à la respecter dans sa différence et à l’aimer ainsi.
Accepter l’autre signifie le comprendre en tant que personne, comprendre qu’il est un autre, différent de moi. Accepter suppose de m’ouvrir à l’appréhension de l’autre comme quelqu’un de concret, d’exclusif, d’unique. C’est ce qu’Adam dit à
Eve : « Tu es unique pour moi », b ien qu’à cette époque, il n’avait pas beaucoup de mérite à le dire car il n’y en avait pas d’autre !
Il ne s’agit pas de conceptualiser l’autre ni de l’analyser, mais fondamentalement, de l’aimer. Pour Buber, comprendre l’autre, c’est le comprendre dans « sa totalité, son unité, son exclusivité ». Par conséquent, accepter l’autre, c’est l’accueillir dans la totalité de sa personne, sans le réduire à ses caractères psychiques, physiques ou sociaux. C’est découvrir que l’autre est un mystère inépuisable. Dis maintenant à ton épouse ou à ton époux : « Tu es un mystère pour moi » ! C’est en nous rendant mutuellement compte que nous sommes un tout, que nous sommes uniques, exclusifs que peut surgir la rencontre incroyable et féconde en laquelle consiste la vie conjugale. Votre admiration pour votre conjoint s’est-elle évaporée ?
Accepter l’autre, c’est de plus, l’affermir, le rendre ferme, le consolider dans sa condition d’être unique.
Cela suppose, avant tout, d ‘affirmer par mon comportement sa dignité, son identité personnelle et de lui montrer, par mon attitude, combien il compte pour moi. Il s’agit de lui montrer, jour après jour, qu’il me concerne, qu’il compte pour moi. La question que je te pose maintenant, c’est celle-ci : Sais-tu le faire? As-tu demandé à ton conjoint comment il aime que tu lui montres que tu l’aimes et qu’il compte pour toi ? Demande-le-lui maintenant … et assume-en les conséquences [laisser quelques secondes pour qu’ils se posent la question!
5. La personne comme don à l’autre. La fondation personnelle
Lié au mouvement d’accueil et d’acceptation, nous, les personnes humaines, sommes en capacité de nous donner aux autres. Et ce n’est pas qu’une capacité : toute personne a, en elle-même, une structure ontologique oblative.
Cela signifie que pour vivre pleinement en tant que personne, nous sommes
appelés à nous donner. Être capable d’être don pour un autre est ce qui définit le fait d ‘être personne, selon Karol Wojtila (le philosophe polonais qui travailla ensuite à Rome dans un autre domaine avec grand succès, durant 27 ans.
Être capable de se donner, conjugué à la capacité d’accepter l’autre, sont les dynamismes qui fondent et don ent naissance à la communauté et, tout spécialement, à la communauté matrimoniale. La communauté – dit Wojtila – « est une manière d’être telle qu’en existant et en oeuvrant réciproquement et, par conséquent, pas uniquement en existant et en oeuvrant « en commun »), ils se fortifient et s’affirment réciproquement comme personnes par cet agir et cette manière d ‘être ». Le don de soi – dit aussi Wojtila – « donne naissance à la relation et, d ‘une certaine manière, la crée, précisément parce qu’il est orienté vers une ou vers d’autres personnes », de sorte qu’il fonde non seulement la relation conjugale mais aussi la famille.
En effet, la personne ne peut trouver sa plénitude, elle ne peut grandir et se trouver pleinement que par le don d ‘elle-même. Ce don doit être don de ce qu’elle est let pas seulement de ce qu’elle al et être un don gratuit. C’est pourquoi – affirme Wojtila – « si elle servait quelque ‘intérêt’ d’une manière ou d ‘une autre, ce ne serait plus un don ; ce serait probablement une faveur voire un gain, mais ce ne serait plus un don » .
Le fait d’être don pour l’autre, loin de diminuer la personne, loin de la limiter ou de l’enchaîner, est ce qui permet sa croissance. li ne peut y avoir croissance personnelle qu’à partir du don de soi. Le mariage n’est possible qu’à partir du don de chacun des conjoints à l’autre. Comment est-il possible qu’une personne puisse se donner elle-même ? Nous pouvons donner ce que nous avons mais comment donner ce que nous sommes ? A ce sujet, Karol Wojtila dit que « le monde des personnes a ses propres lois d’existence et de développement. Le don de soi, en tant que forme d ‘amour, surgit du plus profond de la personne avec une claire vision des valeurs et la disponibilité de la volonté pour s’y livrer [ .. .l. Dans le don de soi, nous trouvons donc par conséquent une preuve surprenante de la possession de soi ».
Nous, les personnes humaines, nous sommes capables de nous donner dans la mesure où nous possédons notre vie. Par conséquent, si notre vie est nôtre, par don de Dieu, nous pouvons la mettre à la disposition d ‘autres personnes. Tout comme nous pouvons aussi choisir de ne pas la mettre à leur disposition.
Dans la rencontre conjugale, chacun de nous est un don pour l’autre. Dis maintenant à ton époux, à ton épouse : je veux me donner à toi, je veux être un don pour toi. [Laisser quelques secondes]. Que se produit-il en ce moment ? Il se produit le miracle du « nous ». Dans ce « nous », chacun est un appui, une source de possibilités et d’impulsion pour l’autre et pour la communauté conjugale.
Je vous en prie : prêtez attention à ces trois aspects, car ils sont déterminants pour chacun de nous : dans le don, chacun de nous devient pour l’autre appui, source de possibilités et d’impulsion pour sa propre vie. De sorte qu’à travers le don que je fais de ma vie et le don que mon conjoint fait de la sienne, nous fondons notre communauté conjugale et, d’une certaine façon, nous nous apportons un soutien mutuel pour parvenir à notre plein épanouissement. Ce fondement mutuel, qui s’établit en premier lieu dans la communauté conjugale, se manifestera ensuite pleinement dans la vie familiale qui, comme nous le verrons à la fin, est le fruit du don mutuel qui s’élargit à d’autres.
6 . La structure de l’unité matrimoniale, fruit du don mutuel
La relation sponsale le mot vient du latin spondere est celle qui donne réponse en latin respondeo) à la présence de l’autre dans le nous. En ce nous conjugal, chacun est appelé en référence à l’autre : en, vers, par et pour l’autre. Aussi, cette unité qui naît du don se manifeste-t-elle sous diverses formes :
l . Moi-en-foi et foi-en-moi: cela consiste à être tous deux en une pleine présence mutuelle, qui fonde la communauté conjugale. Maintenant c’est dans le nous que je rencontre le tu. Nous développons de cette manière un pro/et commun. Mais ce qui se produit, c’est que lorsque nous nous marions, chacun des conjoints arrive avec ses propres attentes sur la manière dont il voudrait que l’autre soit, sur ce qu’il attend de recevoir de l’autre, sur ce qu’il voudrait que soit la relation. Et nous supposons que l’autre connaît ces attentes.
Grossière erreur ! car l’autre a beaucoup de dons mais sûrement pas celui de la divination! Comme il n’est pas habituel que nous mettions en commun toutes ces attentes lors des premières années de vie commune, nous vivons comme si l’autre devait les connaître sans que nous ayons à les lui exprimer. Surgissent
alors les premières tensions : tandis que l’un espérait passer les après-midis du dimanche avec ses parents, l’autre désirait faire une excursion ; tandis que l’un préfère épargner, l’autre préfère acheter à crédit ; l’un voulait déjà avoir des enfants, tandis que l’autre préférait voyager davantage ; l’un préférait consacrer du temps à des engagements sociaux ou ecclésiaux, l’autre imaginait que tous deux consacreraient leurs soirées à regarder des films sur Netflix ou Amazon autour d’un bon verre de Vinho Verde. Il peut arriver que l’un ne connaisse pas les désirs et les attentes de l’autre, et ne lui ait pas non plus exprimé les siens.
Et donc, surgissent frustrations et disputes car on croit que l’autre n’est pas celui que l’on pensait ou n’agit pas comme on pensait qu’il devrait le faire. De ce fait, seule une communication !IUJde peut contribuer à l’explicitation des aspirations profondes de chacun et à l’élaboration d’un projet commun sur lequel les deux puissent s’accorder et fassent des concessions. En ce sens, il est nécessaire de parler et de se mettre d ‘accord sur divers points fondamentaux. Il faudra donc s’assoir pour les évoquer et y revenir de temps en temps :
2. Toi vers moi et moi vers foi. Chacun des deux conjoints oriente sa vie vers l’autre. Chacun existe en fonction de l’autre et du nous qu’ils fondent ensemble. Cet être vers se développe dans la communication mutuelle sous foutes ses formes comme moyen de rendre l’autre participant à ma vie. Cette communication suppose un dialogue assidu ! consacrer du temps pour pouvoir dialoguer), une amélioration de la qualité du dialogue (s’écouter, ne pas se juger, être transparent en se disant comment on voit les choses, ce que l’on ressent, ce dont on a besoin et accueillir tout ce que l’autre me ditl, de ne pas fuir le dialogue lors des crises, d’améliorer la communication non verbale …
3. Moi-pour-foi et foi-pour-moi. La présence de votre conjoint est un appel, c’est la façon dont se concrétise jour après jour votre vocation. Et l’appel demande une réponse : accueillir totalement l’autre et se donner totalement à l’autre. La vocation du mariage chrétien consiste à se donner à l’autre, à faire donation de soi à l’autre. C’est ainsi que peuvent croître chacun des conjoints et le nous qu’ils constituent.
Comment se livrer chaque jour à l’autre ? Aujourd’hui même : quel pas pouvez-vous faire? Saint Jean-Paul Il, dans l’une des audiences générales durant lesquelles il expose sa théologie du corps, souligne que ce don de soi, du fait du péché, peut se transformer en désir d’appropriation de l’autre, et pervertit le sens du « toi-pour-moi » :
« Si la relation de l’homme avec la femme se réduit à la considérer uniquement comme un objet à posséder et non comme un don, il se condamne en même temps à devenir lui-même pour elle, non pas un don, mais seulement un objet qu’elle s’approprie. » Le pape éclaircit plus loin quelque chose d ‘essentiel : « Les termes ‘mien… mienne’ n’ont certainement pas cette signification dans l’éternel langage de l’amour humain. Ils indiquent la réciprocité du don, expriment l’équilibre du don – et ce, probablement, en tout premier lieu ; c’est-à-dire qu’ils désignent cet équilibre du don dans lequel s’instaure la réciproque communia personarum. Et si celle-ci est instaurée grâce au don réciproque de la masculinité et de la féminité, elle intègre également en elle-même la dimension nuptiale du corps. A coup sûr, les termes ‘mien … mienne’ dans le langage de l’amour apparaissent comme une négation radicale de l’idée de possession au sens où un objet-chose matérielle appartiendrait à un sujet-personne. »
4. Moi-pour-foi; foi-pour-moi, ou la fondation personnelle dans la communauté conjugale. Ce qui se produit dans le nous conjugal, c’est la croissance personnelle de chacun des membres du couple. Et il en va ainsi parce que la communauté conjugale, d’une certaine manière, fonde personnellement chacun de ses membres. Pas seulement moi pour toi mais moi et foi pour nous. le fait d’être chacun pour l’autre; source de possibilités et d’impulsion, permet de manière éminente le fondement personnel de l’autre au sein de la communauté conjugale. Et cela se développe selon un style de vie qui est l’amour. l ‘amour consiste dans le don mutuel, et trouve son accomplissement en soignant la relation de diverses manières : manifestations physiques d ‘affection quotidienne, introduction de marques fréquentes d’affection pour éviter l’usure du quotidien, demande d’affection si on en ressent le besoin sans toutefois l’exiger, témoignages d’affection en disant « Je t’aime », émerveillement quotidien devant le mystère et ce qu’il y a de positif chez l’autre, moments exclusifs consacrés au conjoint, petites attentions en rendant service à notre conjoint. On peut parvenir à tout cela de manière simple : en regardant l’autre comme sic ‘était la première fo is que nous le voyions, car d’une certaine façon, il en va ainsi, ou bien comme si c’était la dernière fois que nous le voyions.
Consacrons dès maintenant quelques secondes à nous regarder comme si c’était la première fois laisser quelques secondes]. Maintenant, tenons-nous fortement la main et regardons-nous comme si c’était la dernière fois que nous étions ensemble. A partir de là, comprenons qu’être pour l’autre suppose de favoriser chaque jour des moments d’intimité ; cela suppose aussi de savoir se pardonner sans cesse et se remercier mutuellement pour tout. Il s’agit surtout d’avoir la volonté de se faire grandir mutuellement, de vouloir que l’autre soit celui qu’il est appelé à être.
Ainsi, l’amour n’est pas seulement constitutif de notre mariage mais il est le sens de la relation, son but. la communauté conjugale, grâce à l’amour qui la constitue, est une réalité porteuse de sens, qui révèle sa fonction première : la promotion mutuelle. C’est ce qu’affirme le philosophe français Maurice Nédoncelle : « Dans l’amour, il y a une volonté de promotion mutuelle, un désir d’aider l’autre dans une perspective universelle, à se posséder pour se donner, à ne pas s’isoler mais plutôt à établir l’ordre de tous les sujets et à trouver là même son propre développement ». Aimer, c’est donc désirer que l’autre parvienne à son plein épanouissement, à ce qui est bon pour lui, à ce que se réalise ce qu’il y a de meilleur en lui et y travailler effectivement.
7. Ouverture et fécondité: être à partir du nous
Le don mutuel des époux devient fécond et s’élargit à d’autres personnes. Cette fécondité est ce qui permet au mariage d’atteindre sa plénitude. Cela ne se produirait pas dans un mariage fermé sur lui même, cloîtré sur lui-même. Tout comme la Trinité est don mutuel et déborde dans la Création du Père, les Charismes de l’Esprit-Saint et !’Eucharistie du Fils, de même le don mutuel dans le mariage s’élargit à la fécondité, et devient don pour d ‘autres.
C’est alors que le don qu’est !’Eucharistie éclaire, fortifie et mène à sa plénitude ce don que suppose l’offrande mutuelle dans le mariage. Nous pouvons dire que de même que « l’Eglise vit de !’Eucharistie », comme le dit la quatorzième encyclique de saint Jean-Paul Il, de même le mariage vif de /’Eucharistie. le mariage vit du Christ eucharistique et c’est ce qui permet aux époux – tout comme cela s’est produit pour les disciples d’Emmaüs – d’ouvrir les yeux et de reconnaitre le Christ en eux et, dans le Christ, de reconnaitre ce qu’est leur vocation propre. Ainsi, de même que « l ‘Eglise a reçu !’Eucharistie du Christ, non comme un don 1…) parmi bien d’autres, mais comme le don par excellence, car il est le don de lui même, de sa personne !…) », de même le don mutuel des conjoints dans le mariage n’est pas un don de plus, mais le don total de leur vie, dans lequel ils s’unissent au don-même du Christ. Aussi, y-a-t-il
parallélisme et référence mutuelle entre le don du Christ à son Eglise et celui que les époux se font l’un à l’autre. En instituant !’Eucharistie, le Christ « ne se contenta pas de dire ‘ Ceci est mon Corps’ , mais il ajouta ‘livré pour vous’. » Et, de même que le Christ ne se livre pas de manière générique mais qu’il donne sa propre vie et nous donne son propre corps, c’est à ce même degré de don mutuel que sont appelés les époux. C’est pour cela que leur plénitude ne se tarit pas en eux, mais ruisselle de manière féconde.
La fécondité est la version communautaire du don de soi. La communauté conjugale est par essence ouverture à un tiers. La lumière de votre mariage est appelée à se diffuser. Et cette diffusion est féconde, fertile. Là est la source de votre bonheur. Donner de soi comme couple, c’est précisément vous donner, vous offrir, faire don de vous-mêmes, vous communiquer à d’autres.
Même si le terme fécondité se réfère d’ordinaire à une dimension biologique, ce n’est pas sa seule signification. Nous allons maintenant distinguer différentes formes de fécondité de la communauté conjugale. La première est fondamentale. Les autres formes de fécondité sont fondées sur la première.
3.1. Fécondité mutuelle
La fécondité mutuelle est la forme de fécondité fondamentale. Toute autre forme de fécondité repose sur celle-ci qui se présente comme le fondement des autres. Si la fécondité biologique, sociale ou personnelle est possible, c’est parce qu’existe une communauté conjugale qui croît vers sa plénitude – ce qui revient à dire : vers sa sainteté.
Mais attention ! A cette fécondité – compte-tenu du fait que nous parlons du mariage chrétien même si ce que nous décrivons à partir d’une perspective anthropologique vaut pour n’importe quelle relation conjugale homme-femme – manque un élément essentiel. Le P. Caffarel l’expose avec une clarté lumineuse : « Le mariage chrétien n’est pas seulement le don réciproque de l’homme et de la femme ; il est aussi le don du couple au Christ. Désormais, dans ce couple qui, en se donnant, s’est ouvert à Lui, le Christ est présent ».
3.2. Fécondité biologique
Même si cela est aujourd’hui nié de manière surprenante par la Théorie du Genre, il est évident que l’anatomie et la physiologie humaines, grâce à leur dysmorphisme et à leurs fonctions, entrainent de façon naturelle la possibilité de la fécondation physique, la possibilité d’engendrer des enfants. Et comme le don et l’acceptation de l’autre, total dans l’amour conjugal, intègre aussi la dimension corporelle sexuée, il est clair que la fécondité biologique est le résultat naturel de la relation amoureuse.
Mais bien sûr, cette fécondité, advenant dans une communauté de personnes, est nécessairement et indissolublement liée à une autre : la fécondité personnelle qui se manifeste dans la paternité et la maternité. Donner naissance à un enfant implique de lui donner de sa personne.
La fécondité biologique étant une fécondité fondée, dans le cas où la stérilité empêche qu’elle se réalise ou soit menée à son terme, cela n’empêchera pas d’autres formes de fécondité, y compris l’adoption ou l’accueil. Ce qui empêche réellement de parvenir à la plénitude et à la fécondité, ce n’est pas, en soi, de ne pas pouvoir réaliser une forme de fécondité, mais c’est le fait de le pouvoir – autrement dit d ‘en avoir la possibilité – et de ne pas le vouloir.
La dimension sexuée n’est pas quelque chose que la personne possède mais quelque chose qui tient à son être même. Aussi toute action dont le sexe est le protagoniste et où il intervient de manière active – autrement dit tout ce qui concerne la sexualité – a un sens personnel et, par conséquent, une valeur qui dépasse ce qui est sexuel. De ce lait, la fécondité biologique est, stricto sensu, une fécondité personnelle. Il ne s’agit donc pas de l’exercice d ‘une simple fonction biologique, mais d’un acte procréateur personnel qui entraîne la nécessité et la responsabilité de développer une paternité et une maternité spirituelles (paternité et maternité spirituelles qui, en réalité, peuvent aussi se développer sans engendrer physiquement des enfants).
Donner de sa personne d’un point de vue biologique n’est pas un acte de production mais de fondation. Il s’agit de fonder la personne d’un enfant, d’éclairer ce que l’autre est, de donner le jour. L’union est lumineuse et éclairante. Et de même que ce qui est porteur de lumière ne peut pas ne pas éclairer, de même, l’union des personnes, dans sa dimension physique, n’est pas non plus séparable de l’illumination biologico-personnelle.
3. 3. Fécondité sociale
La fécondité, comme débordement de la communauté conjugale, a aussi une projection sociale. Et ce, dans un double sens : dans le sens de l’accueil de l’autre, de celui qui est différent, de celui qui est étranger à la communauté ; et dans celui de l’engagement avec ce qui vient du dehors, avec ce qu’il est précieux de réaliser dans la société ou dans le monde. Voyons, pour terminer, chacun de ces deux aspects.
3.3.1. La fécondité comme accueil: l’hospitalité
L’hospitalité est une forme de débordement de la communauté conjugale, puisqu’il s’agit d’offrir notre richesse à d’autres. Elle naît donc d’une volonté de partager ce que l’on est et ce que l’on a, en accueillant d’autres personnes. Il s’agit de s’ouvrir et d’accueillir ce qui au départ est étranger. Il s’agit – et pas seulement dans un sens métaphorique – d’ouvrir notre maison, de fa ire franchir le seuil de notre intimité à un étranger. A qui ouvrons-nous noire maison ? Notre maison est-elle une maison ouverte ? Ouvrir notre maison est un acte de don, d’offrande, mais cela nous met aussi dans une situation de vulnérabilité. Nul doute qu’ouvrir notre maison occasionnellement à un ou plusieurs amis ou à une autre famille ou de manière permanente est une action à risque, menaçant notre stabilité et notre tranquillité. Toutefois, c’est une preuve de maturité, de générosité, et de magnanimité où se manifeste la capacité oblative de notre communauté conjugale.
De toutes les manières, l’hospitalité suppose de reconnaître celui que l’on accueille dans sa dignité. Et il y a là une gradation qui va de l’écoute attentive de celui qui est étranger et de l’accompagnement d’autres à l’ouverture matérielle de la maison pour héberger l’autre de manière permanente. De plus, cette gradation s’exprime dans une autre direction : celle qui va de l’exercice de l’hospitalité envers un proche à l’exercice de celle-ci envers un étranger.
Nous voyons donc comment l’hospitalité, comme d’autres formes de fécondité, suppose de se décentrer, de sortir de soi pour assumer quelqu’un d’autre. Cette ouverture des horizons, en dépassant ceux de la communauté conjugale elle-même, paradoxalement ne détruit pas la communauté conjugale, mais au contraire l’affermit et enrichit le nous. Et, de manière paradoxale également, avoir la possibilité de pratiquer l’hospitalité, mais fermer notre maison, nous appauvrit et nous endurcit.
Pour finir, il faut dire quelque chose de très important : l’hospitalité est l’une des manières les plus authentiques et originales d ‘évangéliser, car comme l’affirme le P. Caffarel : « Le foyer chrétien ne se contente pas d ‘offrir ses richesses humaines l…l. Sa grande richesse spirituelle est la présence du Christ qui fait de cette communauté familiale une ‘petite église’ ».
3.3.2. La fécondité comme don: l’engagement social
La fécondité de la communauté conjugale peut se projeter hors d’elle-même, hors du foyer, en travaillant à instaurer la justice, de diverses manières, et, bien plus que la justice, en travaillant à promouvoir un univers de personnes, en participant à un processus de personnalisation de la société. L’engagement de chaque couple suppose que tous les deux comme couple ou l’un avec l’appui de l’autre assument des responsabilités dans les divers domaines du monde où ils sont présents : cela peut se faire dans le domaine de la politique en militant dans un parti ou un syndicat, par exemple), dans celui de l’éducation I comme éducateurs, professeurs, en participant ou en dirigeant une école pour les
parents), dans celui de la religion en étant responsables de groupes, en évangélisant, en catéchisant), dans celui de la solidarité en participant à des associations, à des groupes travaillant à réduire la pauvreté locale, à des mouvements de solidarité, en prenant soin des personnes âgées), dans des associations de voisins, des associations culturel les, en accompagnant d ‘autres couples, en promouvant la vérité, la beauté ou le bien sous ses diverses formes. L’idéal serait la participation active des deux membres du couple, même s’il peut arriver que tous deux participent, l’un de manière active et l’autre par délégation ou de manière passive !tout en soutenant l’action de celui qui est actif!.
3. 4. La fécondité communautaire : la famille et les autres groupes communautaires
Maternité et paternité biologiques se prolongent donc en une maternité et une paternité personnelle, spirituelle. Celui qui naît est accueilli comme mission à accomplir par ses géniteurs. Et la mission consiste maintenant à promouvoir son être personnel. Tel est ce qui fonde la famille. La famille naît lorsque la communauté conjugale donne de sa personne à travers diverses formes de fécondité personnelle, la plus fréquente étant la paternité et la maternité. Mais ce qui est déterminant, c’est d ‘exercer la paternité et la maternité spirituelles, de sorte que, même si l’on ne peut pas avoir d’enfants, on puisse être fécond et ainsi constituer une famille. Les enfants et tous ceux à qui nous consacrons ensemble notre vie élargissent la dimension de la communauté conjugale. Cette communauté conjugale est ainsi intégrée dans une communauté plus ample, générée certes par les membres du couple, mais qui les dépasse : la famille.
Aussi Lacroix allirme-t-il que « le véritable mariage est une découverte progressive et un approfondissement constant de l’être familial ».
Mais le sommet de la vie familiale au sens large, et donc le sommet de la paternité et de la maternité spirituels et leur fécondité, c’est, comme l’affirme le P. Caffarel, « d’engendrer et de former des ‘adorateurs en esprit et en vérité’, pour que sur la terre se poursuive le culte du vrai Dieu ». Pour que cela soit possible, le couple doit constamment faire l’expérience du Christ, car, comme le rappelle l’évangile de St Jean : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » Un (1 5, 5). Cela signifie que sans l’oraison et sans l’Eucharistie, la fécondité évangélisatrice n’est pas possible.
Il est donc clair que la fécondité communautaire du couple ne s’arrête pas à la famille. Elle est naturellement orientée vers la rencontre fécondante avec d ‘autres couples et d’autres communautés.
Votre mission en tant que couple n’a pas pour horizon ultime votre famille mais, en réalité, toute l’humanité. Nous les couples, nous sommes nous aussi invitésà aller de par le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle du mariage.
Votre vie conjugale est une merveilleuse aventure, vous avez une mission formidable, et le monde entier en attend la pleine manifestation. Oserons-nous, comme couple, dire « Ecce – Me voici » ? Oserons-nous !? dire « Fiat – ainsi soit-il » ? L’oserez-vous? Si oui, alors à la fin, nous pourrons chanter « Magnificat ! » [intermède musical)
Nous vous remercions.