Témoignage de Kathy et Peter Leszczyński, Pologne

Que Dieu vous bénisse,
[Ensemble] Nous sommes Kathy et Peter Leszczyński. Nous avons 40 ans et sommes mariés depuis 17 ans. Nous avons deux enfants – Sophie, 14 ans, et Thomas, 12 ans. Nous sommes membres des Équipes Notre-Dame depuis 16 ans. Nous venons de Pologne, plus précisément de Cracovie.

[Kathy] Pour commencer notre témoignage, il est important de savoir que nous nous connaissons depuis l’âge de 6 ans. Avant de former un couple, nous avons été amis de nombreuses années pendant l’adolescence. Quand nous avons décidé de sortir ensemble, au bout de 2 semaines, nous savions que c’était « ça ». Dès le début, Dieu était présent dans notre relation à travers l’Eucharistie à laquelle nous allions ensemble et à travers la prière commune ; d’abord pendant les fiançailles, puis un fois mariés.

En même temps, nous avions une grande confiance mutuelle – nous savions que nous avions confiance l’un envers l’autre et que les relations avec d’autres personnes, également très proches, ne changeraient rien à cela. Nous avions l’impression de tout savoir l’un de l’autre et de ne pas être concernés par les crises conjugales. Et pendant de nombreuses années, ce fut ainsi.

[Peter] En 2016, j’ai participé à un cours de médiation approfondie dans l’esprit de la Communication Non Violente. Le cours a duré 1,5 ans. Les participants étaient une communauté internationale et interculturelle. Ce qui vaut la peine d’être souligné, c’est que, en raison de la nature de ce cours, les relations qui se sont établies étaient profondes par nature. Là-bas, j’ai rencontré une femme. Ce qui était censé être simplement une profonde amitié s’est rapidement transformé en attirance mutuelle.

Heureusement, cette femme était originaire de Turquie et la seule chance de se rencontrer en personne était pendant les sessions du cours, qui avaient lieu tous les 2-3 mois. Quoi qu’il en soit, l’attirance était également entretenue à distance. Devant Kathy, cela était présenté comme une profonde amitié. Je pense que c’est ainsi que je l’ai rationalisé pour moi aussi. À la fin d’une des sessions, j’ai eu une révélation. J’étais intérieurement bouleversé et déchiré – d’un côté, il était clair pour moi que j’aimais Kathy et que je ne pouvais même pas imaginer l’idée de rompre, et de l’autre côté, mon corps et mon coeur aspiraient à une relation et une proximité avec cette autre femme.

En Pologne, nous avons un dicton : « quand on a peur, Dieu est proche ». Comme je me sentais impuissant, j’ai décidé d’aller me confesser. Et à genoux devant les grilles du confessionnal, j’étais terrifié. J’ai commencé ma confession par quelque chose comme : « Père, comment puis-je te présenter en quelques phrases ce que je vis maintenant et à quoi ressemble ma vie ? »

Heureusement, le Seigneur était avec moi et le prêtre m’a reçu avec beaucoup de compréhension et d’empathie. Je n’ai aucune idée de ce qu’il m’a dit, mais je sais que quand je suis sorti du confessionnal, je sentais que ce prêtre et le Seigneur avaient pris soin de moi. Je savais aussi que je pouvais recevoir l’Eucharistie en toute tranquillité d’esprit et que le Seigneur guérirait progressivement ce que j’avais brisé.

J’ai rompu la relation avec l’autre femme presque immédiatement, même si je savais que nous avions encore quelques sessions de cours devant nous. Ça faisait un mal de chien. Mais je savais aussi que la relation avec Kathy était la plus importante – celle que j’avais choisie pour toute ma vie. Bien que, pour être honnête avec moi-même et avec vous, je pense que j’étais à deux doigts de décider totalement l’inverse. Heureusement, le Seigneur a soutenu notre mariage et veillé sur nous. La grâce du sacrement du mariage était présente.

Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que tout au long de cette période, nous sommes restés dans les Équipes, avons prié ensemble et maintenu le Devoir de S’Asseoir. C’était probablement un peu creux, un peu artificiel et un peu forcé. Mais en même temps, nous étions là l’un pour l’autre et pour le Seigneur.

[Kathy] Je n’avais aucune idée de ce qui se passait. Je savais que le cours de médiation était très enrichissant pour Peter et qu’il y avait rencontré des personnes précieuses. Il était heureux de me parler de certains d’entre eux. Aussi, de ce qu’ils apprenaient pendant le cours. Mon mari m’a également dit qu’il avait rencontré cette femme, a parlé de sa situation difficile liée à la situation politique en Turquie à l’époque, et m’a dit que c’était une personne intéressante et chaleureuse. Cependant, rien ne me laissait penser qu’il pourrait également avoir de l’affection pour elle. Dans notre mariage, nous avions peut-être eu un moment beaucoup plus vide, peut-être qu’il y avait moins d’ouverture entre nous, mais je l’ai mis sur le compte du fait que parfois ça arrive simplement et qu’il faut attendre que ça passe.

Pendant cette période, il était également plus difficile pour moi de m’ouvrir devant Peter et je pensais que la situation était simplement un cercle vicieux.

[Peter] En 2018, nous sommes allés à la Rencontre Internationale à Fatima et avons eu le plaisir de chanter dans le choeur. C’était un temps de grâce pour nous. Et puis est venu l’année 2018/2019 de formation dans les Équipes de Notre-Dame. Une année avec un thème d’étude sur la Fragilité. Je savais que j’étais accompagné par le Seigneur. Que nous étions accompagnés par le Seigneur. À travers les sujets abordés dans ce thème, tout au long de cette année de formation, le Seigneur nous préparait à parler enfin honnêtement en avril 2019. Il m’ouvrait à Lui-même et à ma femme. Pas à pas. Il me préparait pour que je puisse dire à Kathy toute la vérité sur ce qui s’était passé 3 ans auparavant.

J’avais la profonde conviction, confirmée par mon conseiller spirituel, que d’aborder le sujet trop tôt, dans un souci d’honnêteté absolue, risquait de faire plus de mal que de bien. Alors j’ai attendu le bon moment et je savais qu’il était enfin arrivé. L’ouverture, la sensibilité et l’amour avec lesquels j’ai été accueilli dépassaient mon imagination. Kathy m’a écouté pleinement et de tout coeur, avec une grande attention et une grande empathie.

[Kathy] Quand Peter a dit lors du DSA qu’il aimerait aborder un sujet difficile, littéralement tout m’est passé par la tête, mais rien de ce genre. Je me souviens avoir été tellement surprise que je ne savais même pas comment réagir. J’ai écouté avec une grande attention mon mari me raconter toute l’histoire et je me souviens de la peur dans son regard en attendant ma réaction. Ce qu’il me restait à faire alors, c’était de ne pas me laisser emporter par les émotions et de tout confier au Seigneur. Nous avons parlé honnêtement et pendant longtemps.

C’était un grand soulagement d’entendre que la relation était terminée. Paradoxalement, en même temps, je ressentais une paix quelque part au fond de mon coeur, sachant que c’était dans le passé, que le Seigneur nous y avait accompagnés (même sans que j’en sois consciente), et que c’était maintenant le moment de purifier et de guérir notre relation.

Ce qui m’a guidé depuis le début de notre relation, c’est la grande confiance que j’ai en Peter, notre lien et le fait que le Seigneur qui a béni notre relation veut notre bien et nous guide. Je suppose que c’était crucial pour moi à ce moment-là. Et avoir foi en le fait que Peter m’avait été confié par le Seigneur signifiait que je ne pouvais rien faire d’autre que d’accepter mon mari : avec toute cette histoire, avec toute sa peur de ce qui allait nous arriver ; avec son courage de tout me dire et de rester ensemble dans la vérité. C’était aussi la fidélité à la décision que j’avais prise il y a de nombreuses années, lorsque j’avais décidé que je voulais que Peter soit mon mari. C’est alors que j’ai « passé un accord » avec le Seigneur pour qu’il m’aide sur notre chemin conjugal. Dieu a tenu parole et m’a donné de la force – alors je tiens aussi la mienne.

Cette conversation a évidemment suscité beaucoup d’émotions, mais l’honnêteté mutuelle a brisé les « murs » entre nous. Nous nous sommes vraiment vus tels que nous étions, avec ce qui était fort et ce qui était faible en nous mêmes et entre nous, et grâce à cela, nous avons pu reconstruire l’unité dans notre mariage. C’était une révélation.

[Peter] Je sais que le Seigneur nous offre diverses expériences pour se manifester Lui-même à nous, pour nous ouvrir à quelque chose qui nous était peut-être caché auparavant. Grâce à cette expérience, le Seigneur a ouvert mon esprit et mon coeur dans 3 domaines :

● Tout d’abord, qu’Il me guide. Même si je choisis mal, Il veille sur moi et me donne une chance de tirer le bien de cela.
● Ensuite, Kathy a une grande confiance en moi. Cette situation n’a rien changé dans notre relation ou dans notre confiance mutuelle. Aucune jalousie morbide n’a été introduite d’un côté ni de l’autre. Nous entretenons toujours des amitiés profondes avec d’autres personnes. Cette confiance est le fondement de notre relation. Et grâce à cette liberté nous faisons vraiment le choix de notre relation conjugale – chaque jour.
● Troisièmement – et c’est le plus important à mes yeux, car je connaissais déjà les deux premiers domaines – l’amour est fragile ; le mariage est fragile. Toutes ces personnes autour de moi, mes amis, mes frères et soeurs, qui sont accablés par le fardeau de la trahison, du divorce, du remariage, ne sont pas différents de moi. Il suffit d’une seule décision, et le plus souvent pas                    consciente. Le Seigneur m’a vraiment ouvert les yeux sur cette perspective alors. Il est maintenant plus facile pour moi de regarder sans jugement ceux dont les choix étaient différents. Je ne suis pas différent d’eux. Je ne suis pas
meilleur. Notre relation est aussi fragile que la leur. J’avais besoin de cette expérience. J’ai maintenant beaucoup de tendresse pour eux dans mon coeur et la volonté de trouver une place dans l’Église pour les personnes qui à ce moment précis de leur vie ont choisi différemment et qui peut-être ont
maintenant du mal à se sentir chez elles dans la Communauté Catholique. Grâces soient rendues à Dieu pour cette expérience et pour son guide et qu’elle se soit déroulée au sein de notre mariage, et non en dehors.

[Kathy] Pour conclure, ce que nous voulons partager avec vous, c’est que la fragilité est inhérente à la relation conjugale, et elle est également inhérente à la relation avec Dieu. Parce que nous sommes humains, parce que nous sommes pécheurs, parce que nous ne sommes pas parfaits. Le sacrement de mariage est le serment que Dieu fait avec nous et il nous donne la force et la direction dans les moments difficiles, et les Points concrets d’Effort proposés par les Équipes Notre-Dame nous donnent les outils pour rester connectés avec le Seigneur et avec l’autre, même lorsque la routine s’installe. Dieu nous enseigne la fidélité, tant dans notre relation avec Lui (en continuant à prier chaque jour, même lorsque nous n’en avons pas envie), que dans notre relation avec notre conjoint (quand nous choisissons cette personne à nouveau chaque jour, même lorsqu’elle nous agace encore et encore). Ce dont nous sommes sûrs, c’est que nous devons prendre soin de chaque relation, tant celle avec le Seigneur (en nous nourrissant constamment de l’Eucharistie, de la Parole et de la prière), que celle avec notre conjoint (à travers des conversations profondes, la prière conjugale, la tendresse et le soin mutuel, ou simplement passer du temps ensemble).

Le Seigneur nous offre diverses expériences et nous donne l’opportunité de tirer un bien de chacune d’elles.

[Ensemble] Dieu soit loué !

Faites grandir les couples dans la foi