Citation du Père Caffarel

 

« La messe et la communion de chaque jour sont le régime normal du chrétien »

P.Henri Caffarel

 

La communion spirituelle | Diocèse de Montréal

Un admirable privilège est vôtre, laïcs du 20ème siècle, dont vous ne semblez pas évaluer le prix : la possibilité de communier souvent, tous les jours.

Vous n’avez pas l’air de soupçonner que, sauf aux premiers siècles, les fidèles, et non moins les religieux, ont connu une très cruelle disette. […]

 

Il a fallu qu’une grande voix s’élevât, au début du siècle, celle de Pie X, pour dirimer le débat par des déclarations qui ne permettent plus d’hésitation. Elle a stigmatisé la sévérité des moralistes, qui en étaient venus à exclure de la table eucharistique les marchands et les gens mariés (quand je vous dis que vous êtes des privilégiés d’être nés au XX° siècle !). Elle a proclamé nettement à la face de l’Église : « Quand le Christ nous ordonne de demander dans l’oraison dominicale notre pain quotidien, il faut entendre par là, et presque tous les Pères de l’Église l’enseignent, non pas tant le pain matériel que le pain eucharistique qui doit être reçu chaque jour ».

[…]

 

Cinquante ans ont passé ; où en sommes-nous ? L’enthousiasme et l’empressement vers la table dressée furent de courte durée. La routine, cette vieille sorcière, a repris ses droits. Abus et négligence, deux de ses fruits, voilà ce qu’il nous faut constater sur une grande échelle. Abus : communier à la messe du dimanche n’est plus pour beaucoup que routine ; on ne s’y prépare pas, on néglige de “s’éprouver” comme le demande saint Paul, l’action de grâces est escamotée et la journée se passe dans l’oubli de l’Eucharistie. Négligence : si beaucoup de chrétiens ont contracté l’habitude de communier à la messe dominicale, peu vont chaque jour à la messe et y communient. […] Il faut creuser plus profond pour trouver la véritable explication, pour comprendre l’illogisme de ces chrétiens qui dans le Pater demandent leur pain du jour et renoncent à aller le chercher. Au fond ils manquent d’estime, et de foi vivante, envers l’Eucharistie.

[…]

 

Mais au fait, connaissent-ils la pensée de l’Église ? Les parents et les éducateurs auprès des enfants, les prêtres auprès des fidèles, ont-ils bien transmis le message ? Nos chrétiens de 1958 savent, certes, qu’on peut communier chaque jour ; c’est là, pensent-ils, une dévotion édifiante ; mais les meilleurs, les militants eux-mêmes, dans l’ensemble ont-ils compris, ont-ils même appris que le régime normal du chrétien c’est la communion quotidienne ? Et pourtant, quoi de plus explicite que cette autre parole du même Pie X : « L’Église désire que tous les fidèles s’approchent chaque jour de la table sainte. »

[…]

L’Eucharistie tient une place centrale dans la vie chrétienne, mais elle ne doit pas être isolée des autres éléments de cette vie chrétienne, dont les uns lui préparent le terrain,

dont les autres sont sa fructification. Je me contenterai d’en mentionner trois d’une irremplaçable importance : la culture de la foi, notamment par un contact habituel avec la Parole de Dieu ; la prière : j’entends la prière mentale qu’on désigne du terme de méditation ou d’oraison ; et l’amour du prochain, un amour à la fois vivant et efficace. On se récrie : « Vous n’y pensez pas, vous ne connaissez pas notre vie laïque ! » Ce que je connais, c’est qu’il n’y a pas de christianisme au rabais. Je connais aussi quelques chrétiens – parfaitement normaux, je vous le garantis – qui estiment que les besoins vitaux de l’organisme spirituel, pas plus que ceux du corps, ne sauraient être négligés sans péril grave.

[…]

Je suis convaincu qu’on pourrait s’attendre à des lendemains magnifiques pour notre chrétienté si, enfin, on consentait à comprendre que la messe et la communion de chaque jour sont le régime normal du chrétien, que s’en dispenser sans raison valable c’est faire preuve d’une effrayante méconnaissance de ce don prodigieux de l’amour divin qu’est l’Eucharistie. On verrait se multiplier des vocations sacerdotales et religieuses : nourries de l’Eucharistie, les âmes aspirent à un don toujours plus total. On assisterait à une fécondité inespérée de nos mouvements catholiques. Et le sacrement du mariage, sur-activé par son branchement sur l’Eucharistie, donnerait ses pleins effets de fidélité, de pureté, de sainteté conjugale.

Père Henri Caffarel

LETTRE MENSUELLE DES ÉQUIPES NOTRE-DAME

11° Année n° 6 – mars 1958

 

Quelle vigueur dans ces quelques lignes du père Caffarel ! Et il a raison…Si les Pères de l’Église nous semblent lointains, accueillons ce que dit Carlo Acutis, un ado de 15 ans mort en 2006, le plus jeune de tous les saints d’aujourd’hui (il sera canonisé au cours de l’année jubilaire 2025) . Il appelait l’Eucharistie son « autoroute vers le ciel » et allait à la messe tous les jours.

Pas trop le temps dans nos vies trépidantes ? Rappelons-nous la parabole du bocal : Si vous y placez une grosse pierre en premier , tout prendra sa place : cailloux, sable, eau. Mais essayez de faire l’inverse…Impossible ! Plaçons le Seigneur de nos vies en premier, vous verrez que tout prendra sa place…sa juste place, entre autres en découvrant peut-être que telle ou telle chose est accessoire…

Alors, à quand le plongeon ? Aujourd’hui, si vous le voulez, en préparant humblement la prochaine communion dominicale car aucun sacrement n’a d’effet « mécanique » sans le regard affectueux avant, et le merci émerveillé après. Surtout, ne vous prenez pas la tête à chercher de l’élaboré ou du compliqué. Plus vous serez simple et familier avec Jésus, plus Il vous en sera reconnaissant car le père Caffarel avait sûrement

dans le cœur l’autre raison impérieuse de communier souvent : au-delà de notre désir ou pas désir de Le recevoir, il y a le Sien, Son désir incomparablement plus grand de venir en nous et de nous unir à Lui (« aussi grand que sa Charité » dit le père de Condren, XVIIe siècle ).

Alors, Il nous supplie : « n’en restez pas à la routine dominicale, j’ai faim et soif de vous ».

 

Une sœur clarisse de Cormontreuil

 

 

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