Citation du Père Caffarel

 

« Faire oraison c’est se rendre en pèlerinage au sanctuaire intérieur pour y adorer le vrai Dieu »

P.Henri Caffarel

 

Toute lhistoire de notre Eglise nous dit combien est grande et récurrente la tentation de « localiser » Dieu à lextérieur de nous et le père Caffarel nous ramène à cet essentiel qui nous permet de vivre autrement  qu’à la surface de nous-mêmes. Déjà, st Augustin ( fin IVe siècle ) avouera en évoquant le long parcours de sa conversion :  « Tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors et cest dehors que je Te cherchais ». Ne compliquons pas ce qui est si simple ainsi que nous le dit la parole biblique : « Pas dans les cieux…pas au-delà des mers…non…dans ta bouche , dans ton coeur …» ( Dt 30,11-14). Le plus doux et le plus fidèle des amis est là, qui nous attend au-dedans de nous, cherchant à sunir à nous, quelles que soient nos occupations .

Sans doute est-il bon de relever que le beau cheminement indiqué par le père Caffarel requiert dune part le silence qui est l’écrin de toute prière comme de tout ce qui est beau et profond ; dautre part, d’être très concret comme lhumble frère Laurent de la Résurrection (entre autres) justement évoqué par le père Caffarel : « quand il avait fini sa petite omelette, disait le frère Laurent alors quil était cuisinier, il adorait son Dieu présent en lui » ! Concret aussi ce grand homme d’état chrétien qui demandait à sa secrétaire de laisser 5 mn entre deux rencontres afin de se recueillir et prier. Pensez-vous que son emploi du temps en souffrait ? Jamais ! « cherchez le Royaume de Dieu et le reste vous est donné par surcroît »(Matt 6,33)

une soeur du monastère de clarisses de Reims-Cormontreuil

 

Dieu est en nous, au cœur de notre être. Présent, vivant, aimant, actif. Là il nous appelle. C’est là qu’il nous attend pour nous unir à lui.

Dieu est là, mais c’est nous qui n’y sommes pas. Notre existence se passe à l’extérieur de nous-mêmes, ou du moins à la périphérie de notre être, dans la zone des sensations, des émotions, des imaginations, des discussions… dans cette banlieue de l’âme, bruyante et inquiète. Et s’il nous arrive de penser à Dieu, de désirer le rencontrer, nous sortons de nous-mêmes, le cherchant au-dehors… alors qu’il est au-dedans. Nous ignorons les sentiers de notre âme qui nous conduiraient en la crypte souterraine et lumineuse où Dieu réside. Ou si nous les connaissons, nous manquons de ce courage qui lançait les juifs fervents sur les chemins de la Ville Sainte. Se rendre au centre de soi-même est pour beaucoup une entreprise plus ardue que d’aller à Jérusalem !

L’oraison, c’est quitter cette banlieue tumultueuse de notre être dont je parlais, c’est recueillir, rassembler toutes nos facultés et nous enfoncer dans la nuit et le désert vers la profondeur de notre âme. Là, au seuil du sanctuaire, il n’est plus que de se taire et de se faire attentif. Il ne s’agit pas de sensation spirituelle, d’expérience intérieure, il s’agit de foi : croire en la Présence. Adorer en silence la Trinité vivante. S’offrir et s’ouvrir à sa vie jaillissante. Adhérer, communier à son Acte éternel.

Peu à peu, d’année en année, la fine pointe de notre être spirituel, affinée par la grâce, deviendra plus sensible à la « respiration de Dieu » en nous, à l’Esprit d’amour. Peu à peu nous serons divinisés et notre vie extérieure alors sera la manifestation, l’épiphanie de notre vie intérieure. Elle sera sainte parce qu’au fond de notre être nous serons étroitement unis au Dieu Saint, elle sera féconde et des fleuves d’eau vive s’échapperont de nous parce que nous serons branchés sur la source même de la Vie.

[…] faire oraison c’est se rendre en pèlerinage au sanctuaire intérieur pour y adorer le vrai Dieu.

Et si vous voulez que votre vie tout entière devienne une longue oraison, une vie en présence de Dieu, une vie avec Dieu, si vous voulez devenir des âmes d’oraison, sachez souvent, au long du jour, rentrer en vous-même pour adorer le Dieu qui vous attend. Pas n’est besoin d’un long moment : une plongée d’un instant et vous revenez à vos tâches, à vos interlocuteurs, mais rajeuni, rafraîchi, renouvelé.

Un humble frère convers carme du 17ème siècle, Laurent de la Résurrection, qui avait atteint une haute vie spirituelle, aimait dire à ceux qui venaient le consulter qu’il n’y a pas de moyen plus efficace pour arriver sûrement à une vie d’oraison continuelle et, ensuite, à une haute sainteté, que d’être fidèle à cette pratique. Écoutez-le : « Nous devons pendant notre travail et autres actions, même pendant nos lectures et écritures, quoique spirituelles, je dis plus : pendant nos dévotions extérieures et prières vocales, cesser quelque petit moment, le plus souvent même que nous pourrons, pour adorer Dieu au fond de notre cœur, le goûter quoiqu’en passant et comme à la dérobée. Puisque vous n’ignorez pas que Dieu est présent devant vous pendant vos actions, qu’il est au fond et au centre de votre âme, pourquoi donc ne pas cesser au moins de temps en temps vos occupations extérieures, et même vos prières vocales, pour l’adorer intérieurement, le louer, lui demander, lui offrir votre cœur, et le remercier ? »

Cahiers sur l’oraison du 14 février 1959

Faites grandir les couples dans la foi