Un apôtre de l’oraison pour tous

Homme de prière, LE PÈRE HENRI CAFFAREL a accompagné la vie de nombreux couples. Avec quatre d’entre eux, il a fondé les Équipes Notre-Dame, mouvement de spiritualité conjugale. 

C’était il y a cent ans, un beau jour de 1923. Henri Caffarel est un jeune lyonnais de 20 ans, petit de taille, frêle d’apparence. Des problèmes de santé l’ont obligé à arrêter ses études de droit. D’une grande sensibilité, il pense au mariage. Quand soudain … « Jésus­ Christ, en un instant, est devenu Quelqu’un pour moi » , témoigne-t-il des années plus tard. Oh ! Rien de specta­culaire ! En ce lointain jour de mars, j’ai su que j’étais aimé et que j’aimais, et que désormais entre lui et moi ce serait pour la vie. » Il désire entrer chez les Trappistes, mais on l’oriente vers le séminaire.« Si je n’avais pas ressenti profondément cet appel à la vie de prière. je n’aurais pas éprouvé le besoin de prier quotidiennement et de me réserver chaque année plu­sieurs semaines de vie silencieuse et solitaire. confie-t-il. Si mon sacerdoce a eu quelque efficacité, je sais que je le dois à la pratique de l’oraison. » 

En 1939, des couples viennent le voir

pour lui demander son aide : comment marcher vers la sainteté tout en étant marié ? Réponse : « Vous avez un sacre­ment à vous. Mais, reconnaissons-le, ce sacrement nous le connaissons bien mal. » Avec eux, le père Caffarel cherche le sens du mariage. Comment l’alliance de l’homme et de la femme est-elle signe de l’alliance du Christ et de l’Église? [amour de Dieu habite le cœur de ceux qui se donnent l’un à l’autre. Et cela est source de vie. De là vient une mission: le couple, « petite Église », est appelé à rayonner de l’amour de Dieu qui habite son cœur. Par l’hospitalité donnée aux autres, « le couple est le visage doux et souriant de l’Église » (Paul VI). Henri Caffarel se consacre aux couples chrétiens et leur propose des retraites. Une spiritualité conjugale naît et s’incarne dans le mou­vement des Équipes Notre-Dame dont il promulgue la charte le 8 décembre 194 7. Le mouvement se répand dans le monde au travers de milliers d’équipes. 

L’autre axe de sa vie, c’est l’orai­son silencieuse. « Je dois tout à la prière dans ma vie». déclara-t-il. Pour la diffuser, il ouvre, à Troussures, dans l’Oise, une maison où il propose des semaines de prière. Elles consistent à vivre six jours d’oraison et de formation à la vie intérieure, corps et âme, dans un silence complet. De 1963 jusqu’à sa mort en 1996, 25 000 personnes vont en bénéficier, d’abord les couples qu’il accompagne, puis des personnes de tous états de vie, venues du monde entier. Est offert à chacun non pas tant d’apprendre à prier que de faire l’expérience de Dieu. Se sont rencontrés en ce lieu notamment Pierre Goursat et Martine Lafitte-Catta, les futurs fondateurs de la Communauté de !’Emmanuel. Henri Caffarel est resté jusqu’à sa mort, en 1996, dans la maison de prière. Là, il poursuivit sa mission qui fut celle d’être le serviteur de l’amour de Dieu qui s’incarne dans l’amour humain, « qui le travaille de [ ‘intérieur comme une sève puissante et lui/ait porter des fruits de sainteté».

Par PAUL-DOMINIQUE MARCOVITS, dominicain

Extrait de la revue PRIER n°457 décembre 2023

Faites grandir les couples dans la foi