L’espérance ne déçoit point

L’espérance ne déçoit point

Ouvrez votre Bible et suivez à la trace le thème de l’espérance. Regardez Abraham, pauvre de cette pauvreté, la plus cruelle, qui consiste à n’avoir pas d’enfants : Dieu lui promet une postérité innombrable comme ces étoiles qui en Orient peuplent les nuits d’été. Mais il faut qu’il espère d’une espérance pure, fondée sur la seule puissance de Dieu. D’où les interminables délais. On l’appelle le Père des croyants, il mériterait non moins le titre de Père des espérants. Qu’il s’agisse des Hébreux en Égypte, des juifs déportés à Babylone, Dieu intervient quand, toutes les raisons humaines d’espérer ayant sombré, ils se tournent enfin vers lui […]

purement et simplement une descendance humaine ; les Juifs, un libérateur national, mais Dieu veut leur donner bien davantage : à Abraham, une descendance spirituelle ; aux Juifs, la libération d’une servitude autrement plus grave que celle des Romains, la servitude du péché. Il agira de même avec vous. Il vous amène à espérer de lui sa force qui vous permettra de pratiquer la vertu ; il vous donnera merveilleusement plus : son amour, son intimité. Il se donnera à vous. Ce qui importe à Dieu c’est que l’homme, découvrant sa pauvreté, s’ouvre à l’espérance. Alors il exauce cette espérance, et bien au-delà de son attente. Ouvrez-vous donc à l’espérance ! […] Le chrétien perçoit le sourd gémissement des créatures dont saint Paul nous dit qu’elles aspirent à participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu : aussi leur prête-t-il son cœur et sa voix pour qu’en lui leur gémissement devienne espérance.

C’est surtout aux hommes ses frères qu’il se sent uni : à tous les pauvres de la terre en quête de pain, d’un toit, d’une patrie, d’un peu d’amour et d’estime et, souvent sans qu’ils s’en doutent, d’un Dieu ; à tous les riches aussi dont la puissance, la fortune, les plaisirs n’auraient pas ce goût de déception s’ils n’aspiraient à un absolu de bonheur. Il est, au milieu de tous ceux-là qui manquent de la véritable espérance, le frère en qui leurs désirs, leurs désespoirs, leurs déceptions se muent en prière d’espérance.

Sa force, sa fidélité dans l’espérance lui viennent de son appartenance au Peuple de l’espérance, à l’Église. Il se sait, il se veut en communion avec l’espérance de tous les enfants de Dieu. 

Espérance qui est, certes, attente des secours du Seigneur, mais d’abord et avant tout désir du Jour du Seigneur, de ce jour où le Christ reviendra, glorieux, ressusciter les morts, créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre et s’offrir au baiser du Père avec l’immense peuple des sauvés. Alors « Dieu sera tout en tous » et d’espérance il n’y aura plus : l’infini bonheur de Dieu sera devenu le partage de sa création […]

Père Henri Caffarel

Cahier sur l’oraison n°65 – Octobre 1963 – Pages 260 à 265 

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