Dans l’Ancienne Alliance, les Juifs sortaient l’arche d’alliance et Dieu leur donnait la victoire. Le Christ fonde la Nouvelle Alliance lors de son dernier repas ; mais en faisant ainsi, il perd la plupart de ses disciples, comme nous le rapporte saint Jean : « en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, vous n’aurez pas la vie en vous [..]. Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient pas avec lui » (Jn 6, 53-66). Ce que le Christ a laissé comme trace à plus d’un milliard d’individus, un bout de pain, n’est ni vendeur ni triomphant ! Et pourtant… Comment vivons-nous cette Eucharistie ?
De notre première communion, nous gardons l’un et l’autre plutôt des souvenirs de fierté (la belle aube, la famille en fête), mais heureusement aussi le sentiment d’être aimés de Jésus, ce qui nous a portés par la suite.
L’eucharistie vécue le jour de notre sacrement de mariage a été un moment fondateur de notre vie de couple : dire le Notre Père en nous tenant la main, avant la communion, renforce notre unité.
Et pas question de s’avancer sans avoir mis notre coeur en paix. Des « pardons » qui supposent beaucoup d’humilité. Nous sommes attentifs à nous présenter le coeur réconcilié devant le tout humble qui nous sauve. Nous avons été transportés de bonheur récemment, alors que nous étions dans une paroisse étudiante, à voir défiler bon nombre de jeunes venant communier, certains bras croisés sur leur poitrine. Ils se présentaient au prêtre qui leur offrait le corps du Christ. Ils étaient là, devant l’hostie, mystère d’amour, pendant que l’assemblée chantait à tuetête ce si beau chant : “Regardez l’humilité de Dieu”.
Ils venaient toucher le Christ, avec la foi de cette femme impure, qui touche le manteau de Jésus dans la foule. Et Jésus sent qu’elle l’a touché ; et Jésus sait que tous ces jeunes, et nous-mêmes le touchons dans l’eucharistie. Il nous dit : « ma fille, ta foi t’a sauvée, va en paix et sois guérie de ton infirmité » (Mc 5, 34). Comme il serait merveilleux de venir avec une telle foi à chaque eucharistie. Nous te demandons pardon, Seigneur, pour ces messes où nous nous sommes avancés bien trop distraits vers la communion.
C’est la foi qui change notre regard sur cette petite hostie de pain, pour y voir l’humble corps du Christ qui nous guérit. À la petitesse de l’hostie doit répondre la grandeur de notre foi. Nous souhaitons aussi par cette communion transformer notre regard sur les autres, les regarder en profondeur.
Nous vivons cette transformation du regard avec le service de la distribution de la communion.
Le Christ reçu en nous, nous voici porteurs à notre tour du Christ à nos frères : quelle intensité de prière et d’amour nous habite alors vers ces inconnus qui s’avancent, leurs mains ouvertes ou leur bouche offerte pour recevoir le corps du Christ. Ils témoignent ainsi de leur foi et ouvrent leur coeur à la charité et leur esprit à l’espérance !
Nous n’oublions pas à ce moment-là, tous ceux qui ne peuvent pas venir communier, nous les portons dans nos prières fraternellement avec humilité. Car ils comptent sur nous pour le faire. Avant le partage du pain et du vin, saint Jean témoigne de la scène du lavement des pieds : tableau saisissant de l’humilité de ce Jésus qui se donne complètement en serviteur et nous invite à faire de même.
Que chaque communion reçue nous encourage à répondre avec ardeur aux appels au service pour l’Église… et aussi pour notre mouvement !
Christine et Hubert Mantel
Couple responsable de la Province Sud-Ouest
Équipe Toulouse 22
Extrait de la Lettre 261